Destination Spitzberg

Destination Spitzberg

L'esprit et la matière

Nous avons fait un voyage de plus de 4000 Nm pendant lequel nous avons survolé la France, la Belgique, les Pays bas, le Danemark, la Norvège, la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, la Suède et l'Allemagne. Bravant nos peurs et nos angoisses, nous avons affronté une des régions les plus inhospitalières de la planète et nous sommes posés sur l'aérodrome le plus septentrional possible. 

Si le but de tout homme est d'aller le plus loin possible et de prendre de la hauteur, l'aviateur réalise ce dessein à chacun de ses vols! Il apprécie à sa juste valeur sa chance et ce qu'il doit à une technologie maitrisée. 

Cette part de rêve, nous l'avons en chacun de nous; elle nous permet à chaque fois de nous dépasser et de survoler la médiocrité du quotidien.

 

 

 Au delà d'une simple ballade touristique, ce voyage nous a surtout permis de percevoir l'importance de cette région pour l'avenir de notre planète, sa fragilité et les convoitises qu'elle suscite.

Effet direct du réchauffement climatique, depuis quelques années et pour la première fois depuis des générations la route maritime nord qui relie Europe et Amérique du Nord est navigable toute l'année à des navires sans équipement spécial, par le Nord Est, mer de Lincoln et le détroit de Kennedy, entrainant un accroissement de la navigation commerciale maritime, avec un risque majeur de pollution en cas d'accident.

 

Ce réchauffement des mers entraine une migration des bancs de poissons, fuyant des mers trop tièdes, plus au Nord à la recherche de zones plus froides et donc l'arrivée de flottes de pêche dans ces zones libérées des glaces. Le moratoire en matière de pêche en Arctique proposé par l'Union Européenne en décembre 2009 à l'assemblée des Nations unies n'a pas été retenu.

 

Le sous sol arctique contient un tiers des réserves mondiales de gaz et de pétrole, et il est sans doute illusoire de croire en la sagesse humaine et de penser un jour sanctuariser cette zone comme ce fut le cas pour l'Antarctique...

Les revendications territoriales sont correlatifs à cette richesse potentielle. Désormais, tout état riverain qui prouve la continuité géologique de sa propre zone économique de 200 Nm au large de ses côtes au plateau sous marin au delà de cette limite peut en demander l'extension jusqu'à 350 NM. La Norvège et la Russie ont déjà présenté leurs requêtes en attendant les Etats unis, le Groenland et le Canada...

Nous avons pu constater de visu, la présence effective de la Russie dans cette région et son intérêt pour les richesses minières: sa revendication territoriale inclut un tiers de la surface de l'océan y compris le pôle Nord!

 

Ces simples arguments loins d'être exhaustifs me rendent très dubitatif face à l'optimisme affiché de mon ami Guy Trouveroy, ambassadeur de Belgique à Moscou (voir l'article Geopolitique du blog).

 

Il me semble que tout citoyen du monde doit s'interroger sur cette région si cruciale pour l'avenir de l'humanité, en terme écologique, économique et stratégique.

 

Si le but de tout voyage est la découverte de contrées inconnues, il serait inachevé sans la découverte de l'autre, et mon principal regret est de ne pas eu le temps de rencontrer le pêcheur de Tromso, le mineur de Barentsbourg ou le nouveau citoyen européen de Tallinn...

 

Au terme de cette aventure exaltante, il convient ici de remercier ceux qui l'ont rendue possible:

 

Jacques Callies et Milos Krivokapic d'Aviation et Pilote.

Mon coéquipier Patrick Motte qui m'a embringué dans cette histoire et qui a supporté mes manies pendant 9 jours.

Michel Rocard qui, par son action auprès du Gouverneur de Svalbard nous a permis d'obtenir les autorisations nécessaires et qui a largement contribué à m'initier aux problématiques régionales.

Tous les copains présents plus aguerris que moi-même...avec qui j'ai partagé plus qu'une bière!

 

 

 

 

  

 

 

 

 



12/07/2011
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